Petit garçon

de Nashville à la France, en passant par la Nouvelle-Zélande

Belle année 2023 à toutes et à tous ! La période des fêtes de fin d’année s’achève tranquillement et j’ai eu envie de faire des recherches sur une chanson de Noël très douce, que j’affectionne beaucoup et que j’ai chantée ces dernières semaines à ma fille.

Encore une occasion formidable de me surprendre parce que j’étais loin d’imaginer que l’auteur de cette chanson est américain, Roger Miller, et que le fantastique artiste qui nous l’a transmise en français est pour sa part néo-zélandais. Il s’appelait Graeme Allwright.

Il y a beaucoup moins d’anecdotes historiques à retrouver pour cette chanson présentée au public américain en 1967 par Roger Miller et au public français l’année suivante par Graeme Allwright.

Néanmoins, j’ai plongé avec joie et ravissement dans les pages Wikipedia des deux artistes afin de découvrir leur parcours de vie, et leur parcours artistique. Et il y a quelque chose de la belle destinée chez chacun d’eux.

Tous les deux étaient d’origine modeste. Roger Miller fut élevé par son oncle et sa tante, suite au décès de son père lorsqu’il avait un an. Introverti, rêveur éveillé, il passait sa vie en musique, à composer des chansons. Après avoir volé une guitare qu’il ne pouvait se payer, il se rend à la police et s’engage à 17 ans dans l’armée pour éviter la prison. Après la Corée, et sur les conseils d’un sergent, il débarque à Nashville pour lancer sa carrière artistique. Il mit un certain temps avant de pouvoir enregistrer ses propres titres mais fut rapidement identifié comme un auteur prolifique et talentueux de chansons, à tel point que son producteur, William Doyce « Buddy » Killen, de chez Tree Publishing, raconte que Roger Miller « donnait ses textes », incitant de nombreux paroliers de Nashville à trainer avec lui car « tout ce qu’il disait était une chanson potentielle ».

En 1967, Old toy trains sort pour Noël chez Smash Records – un label appartenant à Mercury Records -, rompant ainsi 8 ans d’interdiction de commercialisation de singles de Noël. J’ai eu beau fouillé, je n’ai pas encore trouvé d’informations concernant cette politique d’interdiction mais un jour peut-être trouverai-je une information à partager ici. Billboard se montre néanmoins particulièrement élogieux à l’égard de ce morceau, trouvant que Miller a composé l’une des chansons les plus touchantes de sa carrière. Il la compose pour son fils, Dean. Je vous laisse ci-dessous un audio de Roger Miller ainsi que les paroles d’Old Toy Trains.

« Old toy trains, little toy tracks,
Little boy toys, coming from a sack,
Carried by a man dressed in white and red,
Little boy don’t you think it’s time you where in bed?

Close your eyeeeeees, listen to the skies,
All is calm, all is well,
Soon you’ll hear Chris Cringle and the jingle bells
Bringing old toy trains, little toy tracks, little boy toys
Coming form a sack,
Carried by a man dressed in white and red,
Little boy don’t you think it’s time you where in bed?

Close your eyeeeeees, listen to the skies,
All is calm, all is well,
Soon you’ll hear Chris Cringle and the jingle bells
Bringing old toy trains, little toy tracks, little boy toys
Coming form a sack,
Carried by a man dressed in white and red,
Little boy don’t you think it’s time you where in bed? »

L’histoire de Graeme Allwright ne laisse pas indifférente elle non plus. Il est né en Nouvelle-Zélande dans une banlieue de Wellington. Son père était chef de gare, avait fait la guerre de 1914-1918, adorait la musique et chantait avec sa « belle voix de baryton » – dira de lui Graeme dans la biographie qu’écrit pour lui son ami de longue date, Jacques Vassal. Il apprit la musique grâce à son père et chanta toute son enfance en famille, avec son père, sa mère et son frère. Il apprend la trompette là-bas et n’apprendra la guitare qu’une fois arrivé en France. Avec sa famille, ils se produisent à la radio locale sous le nom de The Melody Four. Il est passionné de jazz, découvre le folklore américain par la radio et les vinyles importés en Nouvelle-Zélande et qu’il fonce acheter chez le disquaire. Son frère meurt dans un bombardier Wellington pendant la Seconde Guerre Mondiale en Italie. C’est une immense douleur pour ses parents qui ne vivront pas son départ pour la France avec beaucoup de joie. Graeme découvre le théâtre grâce à un couple néozélandais qui ouvre la première école de théâtre, the Old Victorian Musical, en Nouvelle-Zélande en rentrant de Londres. Graeme y prend des cours et obtient une bourse pour pouvoir poursuivre cet apprentissage à Londres dans l’école, dirigée à l’époque par un Français. Modeste, il pourra s’offrir la traversée gratuitement en devenant mousse sur un bateau grâce aux relations de son père. C’est à partir de Londres qu’il découvre progressivement la France. Sa rencontre avec Catherine Dasté l’y aidera aussi. Il arrive en France en 1948, épouse cette fille d’une famille de théâtre en 1951 dans la région de Saint-Étienne. Il ne revient à la musique qu’au début des années 1960, encouragé par un de ses amis proches, le journaliste stéphanois, Jacques Gandebeuf. Grâce à son amour pour les mots, il fait découvrir au public français le folk américain en adaptant et traduisant des titres de Woody Guthrie, Tom Paxton, Pete Seeger, Bob Dylan ou encore Malvina Reynolds. Il devient l’ambassadeur de Leonard Cohen en France, adaptant fidèlement ses chansons. C’est en 1968 que son adaptation de la chanson de Miller sortira en France.

Et vous, quelle est votre chanson de Noël phare ?

Merci de m’avoir lue !

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Old toy trains – Roger Miller
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